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Fiche d'informations n° 3 | |
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2 0 1 0 – 2 0 1 2 | Stimulacre | Ce projet de photographie des mannequins de vitrine poursuit, sur le mode de l'ironie, la longue période consacrée au corps féminin, dans Ars Intima ; démarche elle-même interrompue en 2006, tant faute de modèles que de nécessité à renouveler le propos plastique et érotique, vers un dépassement des limites déjà approchées, voire partiellement franchies, par les expériences vidéos Antre et Ouroboros. Stimulacre apparaît donc comme un projet cohérent en lui-même, mais se plaçant également en contre-point de la figuration du corps féminin et de la projection érotique qui s'y rapporte.
Cette série interroge non seulement la représentation photographique, mais également « sculpturale » industriellement idéalisée de la féminité, que l'on soit d'ailleurs un spectateur masculin (désir) ou féminin (identification). De par leur cadrage assez rapproché et privilégiant certaines zones érogènes (seins, fesses, pubis, cuisses), les photos sont prises dans l'idée de susciter l'ambiguïté, tout en ne cherchant pas à dissimuler le contexte réel de la prise de vue. Ainsi, la vitrine est le plus souvent identifiable, notamment par les reflets de la rue dans le verre, ce qui renvoie inconsciemment à une autre situation où le corps féminin érotisé est mis en vitrine, à l'instar de n'importe quelle autre marchandise censée attirer le chaland. Le mot « stimulacre » prend alors toute sa dimension quand, au prétexte d'une relation sexuelle concrète, moyennant finances, l'on n'assiste rien moins, qu'au simulacre du rapport sexuel et avant lui, à la simulation du rituel de séduction. 2 0 0 2 – 2 0 0 4 | Ars Intima (vidéo) | Les deux vidéos créées dans le cadre de Ars Intima, sont inscrites dans la démarche photographique globale et se basent sur les mêmes principes formels (cadre fixe, plan rapproché, rapport personnel avec le modèle, images muettes…) tout en déplaçant considérablement le champ conceptuel du projet, vers de nouvelles limites. Si, originellement, on trouve classiquement un plasticien auteur des images, face à un modèle nu qu'il regarde et montre tout à la fois, les deux performances vidéo complexifient ce principe ; une première fois en mettant le plasticien et le modèle au même niveau dans l'image et l'action dont elle rend compte (Antre) et une seconde fois, en mettant en avant le modèle dans une action propre qui, si elle se déroule bien dans un cadre donné préalablement, dépend désormais de la créativité du modèle et plus réellement du plasticien (Ouroboros). Dans Antre déjà, l'objet de la vidéo est bien moins la description en plan-séquence d'un acte sexuel auquel prendraient part un plasticien et son modèle (ou un homme et une femme), que de montrer un corps féminin (qui occupe d'ailleurs l'essentiel du cadre) prenant son plaisir dans le coït en semblant comme aspirer un sexe masculin pour ce faire. Au niveau technique, les plans-séquences sont utilisés différemment dans les deux vidéos. Du fait du ralenti, les performances initiales voient leur durée originale pratiquement tripler, ce qui amène notamment Ouroboros à une durée totale dépassant les 50 minutes. Ce dispositif formel offre également un contrepoint assumé aux images pornographiques qui, si elles montrent généralement des organes génitaux en gros plan, dans des actes sexuels « non-simulés » (encore faut-il s'entendre sur ce qu'on entend par la « non-simulation », de la part d'acteurs pornographiques de métier), le font sur base de simples archétypes caricaturaux dépersonnalisés, dans des scènes scénarisées, le plus souvent montées de manière rythmée et montrant une sexualité fantasmée, performative, quand elle n'est pas carrément acrobatique ou burlesque dans ses extrêmes. Il va sans dire qu'au-delà d'une critique avérée de l'industrie pornographique formatant le regard et monopolisant (comme toute industrie) tous les canaux médiatiques d'une vision explicite de la sexualité, Ars Intima se positionne, a contrario de tout projet « cinématographique », comme une démarche plastique recourant aux images en mouvement, en même degré formel que les photographies ou même que la peinture qui les ont précédées. Pour une vision plus développée de Ars Intima, voir le texte « Faire jouir l'œuvre » (PDF). 2 0 0 0 – 2 0 0 6 | Ars Intima (photo) | Ce projet est initialement une démarche photographique qui s'est développée autour du rapport d'intimité plus ou moins grand entretenu avec les six modèles qui ont été concernés – d'où son intitulé, qui souligne davantage le rapport entre les personnes concernées que la stricte nudité des modèles ou l'érotisme des images. Ici, cinq clichés par modèle sont présentés, mais la totalité du projet en compte cent trente, réalisés sur six ans. De là, par exemple, si les seins de tous les modèles apparaissent sur les images, on notera que le sexe n'apparaît que pour trois d'entre-elles, ce qui donne implicitement un indice sur le degré d'intimité partagé entre le modèle et le photographe. Ces photos, plus ou moins nombreuses selon le modèle, soulignent les aspects picturaux (textures, couleurs) de la peau et les différents aspects qu'elle prend sur le corps d'une personne donnée, notamment autour des zones sexuelles. De même, certaines parties du corps reviennent constamment, de modèle en modèle, ce qui offre une seconde lecture plus transversale des nuances propres à la peau de chaque personne. Techniquement, les plans sont rapprochés ou réalisés avec un objectif macro. Toutes les photos sont prises en lumière naturelle avec un film couleur de base (Kodak Gold 400), afin de définir une sorte de « standard » technique et visuel qui puisse mettre en exergue les nuances de chaque peau et de chaque partie du corps. Il faut noter qu'une variante a été apportée à ces séries photographiques, par le biais de deux vidéos, Antre et Ouroboros, réalisées respectivement en 2002 et 2004, et qui, entre autre, introduisaient dans le concept de Ars Intima, une réflexion plus poussée quant à la figuration explicite de l'acte sexuel, en contrepoint aux archétypes de l'imagerie pornographique. Pour une vision plus développée de Ars Intima, voir le texte « Faire jouir l'œuvre » (PDF). |
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